la crise en Seine -Saint-denis : une famille algérienne

Publié le par noureddine elkarati

Les difficultés financières ont rapproché notre famille»
Samia, 54 ans, travaille dans un collège de Seine-Saint-Denis. Son mari, commerçant, est aujourd’hui au chômage, sans indemnités. Ce sont les enfants qui les aident.
 
 

SAMIA, 54 ans.
Profession : gestionnaire dans un collège de Bagnolet.
Salaire net : 1 700 €.
Mariée avec Mokhtar, 60 ans, au chômage et sans revenu. Samia et Mokhtar ont trois enfants : Hanna, 23 ans, Chérifa, 29 ans, et Naoufel, 32 ans.

Chez Samia, la crise n’atteindra pas le cocon familial.

 Dans cette famille d’origine algérienne, elle a même produit un effet inattendu. « Les difficultés financières ont rapproché notre famille, glisse cette femme de 54 ans. Nous avons resserré nos liens. Et de manière très concrète. » Depuis septembre, Samia est agente de la fonction publique dans un collège de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Mère de trois enfants, dont une fille de 23 ans qui vit encore au domicile familial, son salaire est la seule rentrée d’argent. Par manque de clientèle, son époux, Mokhtar, a dû lâcher son bazar, Mille et une trouvailles, l’année dernière à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et s’est retrouvé au chômage. Ce commerçant de 60 ans n’a depuis qu’une idée en tête : se recycler. Il s’est lancé dans une formation à l’ANPE pour créer sa société de service. Avec le soutien des deux grands enfants, âgé de 29 et 32 ans. « Un seul salaire, c’est vraiment juste, confie Samia. Mais on a voulu l’épauler pour qu’il ne fasse pas qu’un simple job alimentaire. Les enfants sont extraordinaires : ils mettent la main à la poche pour aider la famille. » Il n’est pas rare que la cadette de 29 ans, Chérifa, cadre commercial, rende visite à ses parents avec un sac de courses rempli. « C’est un geste fort pour nous, confie Samia. On ne leur demande rien, mais ils tiennent à nous soutenir à tout prix ! » Une entraide que « l’on trouve souvent en banlieue », détaille-t-elle.

« Il est normal qu’on se serre les coudes »

Lorsque ce couple de Bejaia, capitale de la petite Kabylie, arrive en France en 1976, il s’installe aux Lilas puis à Saint-Ouen, avant d’aménager à Bagnolet dans le logement de fonction attribué à Samia. « C’est peut-être un cliché, mais, dans notre culture, il n’est pas envisageable qu’un membre de la famille en laisse tomber un autre. Et c’est encore plus vrai quand on se retrouve éloigné du reste de sa famille. Dès qu’on a un problème, on n’a pas d’autre choix que d’être ensemble. » Mokhtar, qui n’a pas souhaité apparaître sur la photo par pudeur, explique cette entraide par un réflexe naturel. « Nous sommes seuls, il est normal qu’on se serre les coudes. »
Avant même la crise, Samia a pu compter sur le soutien des siens. Plusieurs fois, cette diplômée de l’Ecole normale de Constantine a dû changer de travail. Elle commence par enseigner l’arabe en France, pour le compte de l’Etat algérien, puis elle doit trouver un autre employeur et se forme au secrétariat. Après plusieurs expériences d’assistante de direction, elle réussit finalement les concours de la fonction publique. « Pendant tout ce temps, j’ai été épaulée par mon mari et mes enfants qui m’ont encouragée à changer de voie. Il faut se sentir très soutenu lorsque l’on doit se replonger dans les cours. Parfois, ce n’était pas si facile. Surtout lorsqu’on doit assumer en plus son rôle de mère de famille. » Hanna, la benjamine, a semble-t-il déjà repris le flambeau. Pour payer ses études de tourisme, elle se démultiplie entre baby-sitting et petits boulots pour soulager le budget familial.

 

 

source ;le parisien

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