En Seine-Saint-Denis, un réseau contre la mortalité périnatale

Publié le par noureddine elkarati

En Seine-Saint-Denis, un réseau contre la mortalité périnatale

LE MONDE ECONOMIE | 11.08.09 |

Bobigny, correspondante

Imen,9 mois, est déjà une habituée des lieux. Elle vient depuis sa naissance en consultation au centre de protection maternelle et infantile (PMI) de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. Chaque mois, elle vient se faire vacciner dans les locaux aux murs couverts de dessins d'enfants et décoré par le personnel. Malgré la perspective d'une nouvelle piqûre, elle attend en riant dans les bras de sa mère. Dans les cités proches du centre-ville, "le bouche-à-oreille fonctionne bien", constate la responsable du centre, Chantal Métais. La politique d'accueil direct et ouvert, sans rendez-vous ou avis médical préalable, y est pour quelque chose. Rien qu'au mois de mai, le centre a enregistré trente nouveaux dossiers de tout-petits. En 2006, 3 180 enfants dont plus d'un millier de nouveau-nés ont été accueillis, avec des pointes jusqu'à soixante visites par jour. La politique de sortie précoce des mères après l'accouchement, observée par les maternités depuis quelques années pour augmenter le nombre de lits disponibles, a fait exploser l'accueil de bébés de moins de huit jours.

 

 

 

 

Pour répondre aux sollicitations des mères qui ont besoin d'être soutenues et conseillées après leur court passage en maternité, Mme Métais peut compter sur une équipe formée de deux infirmières puéricultrices et deux auxiliaires puéricultrices à plein temps, d'une sage-femme qui partage son temps avec le second centre de PMI de Tremblay et de deux médecins qui assurent six consultations hebdomadaires. En outre, chaque semaine, une gynécologue vient deux fois ; un psychologue et une éducatrice assurent deux demi-journées, dans le cadre du soutien à la parentalité.

Car la PMI de Tremblay est l'un des maillons du dispositif que le conseil général de Seine-Saint-Denis (PCF), à qui les lois de décentralisation ont confié cette responsabilité, a mis en place depuis plus de dix ans pour coordonner l'action de ses 116 PMI de quartier, de ses cinq maternités d'hôpitaux publics (Saint-Denis, Montfermeil, Bondy, Montreuil et Aulnay), de près d'une dizaine de maternités privées, des médecins libéraux généralistes et spécialistes, et des laboratoires d'analyse ou d'échographie du département.

RÉSEAU DE PROXIMITÉ

Alarmé, à la fin des années 1980, par un taux de mortalité périnatale supérieur à la moyenne nationale (12,7 ‰ contre 10,4 ‰ en 1986), le service de PMI du département a réalisé, en collaboration avec le professeur d'obstétrique Emile Papiernik, une grande étude impliquant tous les professionnels de la périnatalité. A l'issue de cette enquête, qui s'est déroulée sur trois ans, de 1989 à 1992, le conseil général a accepté de prendre en charge les coûts des examens des foetus pour déterminer les causes de ces décès et leur évitabilité.

Motivés par la volonté des élus de s'impliquer financièrement, tous les professionnels de la santé, tant du public que du privé, se sont mobilisés. Ils ont appris à se connaître et à travailler en réseau de proximité. Selon Martine Bucourt, médecin de PMI impliquée depuis le début dans ce dispositif, celui-ci a permis d'"assurer un meilleur suivi des femmes enceintes, une meilleure prise en charge des problèmes de la grossesse et une réelle prévention des accidents à la naissance". Dès 1993, le taux de mortalité périnatale était tombé à 6,5 ‰ dans le département, contre 7,5 ‰ au niveau national, et la diminution des deux indicateurs est restée similaire par la suite.

Mais depuis 1999, près de la moitié des maternités privées ont fermé, dans un département où le taux de natalité est l'un des plus élevé en France métropolitaine, avec 25 000 naissances annuelles. La menace de cessation d'activités d'une clinique supplémentaire a mobilisé une nouvelle fois les professionnels et le conseil général. Celui-ci, en partenariat avec l'ordre des médecins et l'ordre des sages-femmes locaux, a organisé fin 2003 des "états généraux de la naissance", qui ont réuni plus de 450 participants à Bobigny. Un collectif rassemblant des représentants des maternités publiques et privées, des services sociaux, des associations de parents, des médecins généralistes, des sages-femmes, des pédiatres et pédopsychiatres, s'est constitué en février 2004 pour construire "un plan d'urgence pour le bien-naître en Seine-Saint-Denis" afin de relancer la dynamique créée au début des années 1990 et y ajouter l'accompagnement psychologique périnatal et le renforcement des liens entre les lieux d'accouchement et les PMI de quartier.

Chaque année, le conseil général consacre près de 72 millions d'euros au fonctionnement des 116 PMI, dont 12 millions lui sont remboursés par l'Assurance-maladie. Ces dépenses, qui représentent environ 5 % du budget départemental (1,5 milliard d'euros), sont en constante augmentation, souligne le vice-président du conseil général chargé de la santé, Roland Kerrest (PCF). En 2007, elles ont encore progressé de 4,5 % en raison du fort taux de natalité du département, et de l'ouverture d'un nouveau centre de PMI à Clichy-sous-Bois.

Martine Boulay-Méric

source:le monde

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